Les similitudes dans notre rapport au sommeil

Pour mieux comprendre bébé, je vous propose de nous interroger sur les similitudes dans notre rapport au sommeil. Nos rythmes et nos besoins sont différents, néanmoins pour nous tous il s’agit à ce moment-là de s’abandonner aux bras de Morphée.

Le mythe de Morphée, tout comme le terme « soporifique », les nombreux accessoires et astuces dont on entend parler, évoquent la possibilité de provoquer le sommeil. Pour nous, adultes, le sommeil est loin d’être chose aisée pour tous et il ne « vient » pas forcément lorsqu’on le souhaiterait. L’expression « dormir comme un nouveau-né » témoigne bien de cette difficulté que l’on ressent vis-à-vis de celui-ci et de la croyance selon laquelle les tout-petits auraient une facilité à « dormir sur leurs deux oreilles ».

Les jeunes parents savent bien qu’il n’en est rien et que pour une grande partie des bébés, jeunes et moins jeunes enfants, il n’est pas si facile de dormir. Il y a bien entendu de nombreux facteurs qui rentrent en ligne de compte. Le rythme physiologique de chacun par exemple, qui rentre facilement en contradiction avec celui imposé par notre société, l’école, le travail, etc. Il y a également un facteur dont on parle beaucoup moins : la sécurité affective. Ce sentiment de sécurité intérieure qui permet de se sentir pleinement apaisé, dans l’acceptation complète de nos ressentis et émotions, prêt à se laisser tranquillement aller aux premiers signes de sommeil (paupières lourdes, bâillements, yeux qui piquent ou qui frottent, envie de sucre, etc).

Se laisser aller, s’abandonner, accepter de lâcher prise et de se séparer de quelqu’un ou de quelque chose de rassurant. Cette sensation de vide, de flottement, d’interstice, d’entre deux « mondes » (rêve et réalité) peut être angoissante. Accepter et accueillir ce flottement, ce flou inconfortable où l’on ne maîtrise plus tout à fait notre environnement, perdre le contrôle de ce qui se vit en nous et autour de nous. En posant ces quelques mots, on peut discerner plus facilement pourquoi ce moment de l’endormissement ou bien du réveil au milieu de la nuit, peut être problématique pour une bonne partie d’entre nous.

Comment aider bébé à lâcher prise et à s’abandonner plus facilement au sommeil ?

Prendre conscience de notre propre rapport au sommeil peut être particulièrement important et utile pour notre enfant car il va ressentir ce que l’on vit intérieurement lorsqu’on va l’accompagner au sommeil. Changer nos propres habitudes peut en effet modifier les comportements de bébé :

• Travailler cette notion de lâcher prise et l’y accompagner.
• Mettre en place des éléments routiniers et rassurants.
• Ne pas minimiser ce qu’il peut ressentir et plutôt mettre en mots, sans pour autant se perdre dans trop d’empathie.

Dire « je te comprends », mais accepter tout de même que l’enfant puisse être fâché d’être posé dans son lit et le manifester quelques minutes avant de lâcher prise justement. Oui, il a le droit de dire qu’il n’est pas content, et vous de maintenir le fait de le mettre dans son lit car vous avez observé que c’est ce dont il a besoin. L’accompagner dans son émotion, c’est dire d’une voix rassurante que vous l’entendez, le comprenez, que vous êtes là, pas loin, pour lui et que vous avez confiance en lui, en ses capacités à se laisser aller.

L’endormissement demande de se confronter à soi-même, à nos pensées, le temps de se laisser aller au sommeil. C’est la même chose pour l’enfant. Il a à faire ce même chemin vers soi. De rester seul avec soi-même quelques instants à ne rien faire d’autre que d’être là pleinement présent à soi. D’autant que cette conscience d’être soi différent de l’autre est en construction chez le tout-petit. Il comprend avec l’expérience répétée de la séparation que sa mère n’est pas le prolongement de lui-même. L’accompagner le plus tôt possible en lui expliquant que ce temps pour lui est normal et nécessaire ; bien qu’inconfortable, l’aidera toute sa vie.